Le Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) au Maroc

Les nouveautés du Genévrier

Dans la collection "Le nom de l'arbre",
vient de paraître aux éditions "Actes Sud"
un livre entièrement consacré au Genévrier.
Pour une brève présentation, cliquez ici !
  Une page consacrée à l'incendie qui a ravagé la station Pyrénéenne de Genévriers thurifères où la moitié des arbres de ce site protégé a disparue (photos et cartes). Cliquez ici.

Mai 2006: IIIème Colloque international sur le genévrier thurifère et autres genévriers
Cliquez ici pour visionner la plaquette (page 1 / page 2)


  LE GENEVRIER THURIFERE AU MAROC
PRESENTATION GENERALE

 

Le Genévrier thurifère est une espèce dont l'aire de répartition est limitée à la partie occidentale du bassin méditerranéen (cf. Carte). Présent en Italie, en France, en Espagne, au Maroc et en Algérie, cet arbre présente non seulement une distribution très morcelée, mais également très inégalitaire: suivant les pays, les surfaces occupées par le Genévrier thurifère varient de quelques centaines d'hectares à environ 150 000 ha. Les peuplements de Genévrier thurifère d'un seul tenant concernent généralement des superficies restreintes, accentuant de ce fait le caractère fragmenté de sa répartition.

 

Carte Juniperus thurifera

 

- En France, le Genévrier thurifère est localisé dans les Alpes, les Pyrénées et en Corse. On lui connaît de nombreux nom locaux, tels le savinier (Fournier, 1948), le chaï (Lathuillière, 1994), loù savin (Charras, 1993), Mourenc (Lathuillière, 1994), ou le nom plus ancien de sabine en arbre, ainsi que des appellations plus régionales: cèdre d'Espagne, genévrier d'Espagne, Genévrier à encens ou Genévrier porte-encens (Rameau et al., 1993). Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter à la page intitulée “le Thurifère en France et en Espagne

- En Espagne, on le trouve dans les provinces de Murcie, Albacete, Guadalajara, Cuenca, Teruel, Soria, Segovie et Burgos. Suivant les régions, le Genévrier thurifère est connu sous le nom de sabina vera (Aragon) (Braun-Blanquet & de Bolos, 1957), sabina blanca, ratiza (Blanco Castro et al., 1997), certaines appellations étant très anciennes (cedro hispanico, trabino ou trabina). Mais le nom le plus largement répandu est celui de sabina albar (Castilla y León) ou encore de enebro (Blanco Castro et al., 1997).

- En Italie, cette espèce qui porte le nom de ginepro turifero ou ginepro spagnolo (Rameau et al., 1993), a été découverte très récemment dans deux localités des Alpes (Barbero et al., 1987 & 1988): Valdieri dans la vallée de Gesso et Moïola dans la vallée de Stura.

- En Algérie, sa répartition se limite au massif des Aurès (Djbel Chélia, 2300 m.), entre 1650 et 1800 mètres d'altitude, sous forme de peuplements très ouverts et dégradés. Les arbres sont âgés et la régénération naturelle y est presque inexistante (Chirio & Blanc, 1997). Les arbres y sont souvent très imposants, en mélange avec les cèdres, et semblent n'être que les vestiges d’un peuplement autrefois plus étendu (Lapie & Maige, 1914; Gaussen & Vernet, 1958).

- Au Maroc, le Genévrier thurifère se rencontre dans deux grands ensembles montagnards: le Haut Atlas et le Moyen Atlas (Emberger, 1934; Quézel, 1980; Lecompte, 1969).On peut le trouver en mélange avec le chêne vert (Quercus ilex) dans le Haut Atlas, et avec le Cèdre (Cedrus atlantica) dans le moyen Atlas.

 

 

Juniperus thurifera

(Photo T. Gauquelin)

Dans le Haut Atlas, il apparaît dès 1700 m et peut atteindre 3000 mètres d'altitude en pieds isolés, constituant souvent la limite supérieure de la forêt (Quézel & Barbero 1981; Alifriqui, 1986; Haloui, 1986). Cet arbre peut présenter des dimensions très impressionnantes. Certains individus atteignent 19m de haut, l'arbre présenté sur la photo ci-dessous mesurant 16 m de circonférence.

Le Genévrier thurifère est connu des Berbères sous différents noms dont certains sont phonétiquement proches tels les noms d'Androman et d'Andkrhoman sous lequel on le connaît respectivement dans la vallée des Aït Bouguemez et du Tizi n'Tichka (Haut Atlas Central).

Dans la haute vallée du Todrha, on lui donne le nom d'Awal ou encore de Tawalt (Auclair, 1991), alors que dans la vallée de l'Azzaden (Haut Atlas Occidental), on le nomme Adrouman. Cette espèce se rencontre essentiellement dans deux grands ensembles montagnards: le Haut Atlas et le Moyen Atlas (on trouve cependant quelques formations à Genévrier thurifère dans l'Anti Atlas). La superficie couverte par les thuriféraies marocaines est actuellement estimée à 20 000 ha (Barbero et al., 1990), répartis presque équitablement entre le Haut Atlas et le Moyen Atlas (Boudy, 1958). Cependant, cette estimation doit être avancée avec prudence, car jusqu'à ce jour, aucune cartographie précise de ces formations n'a été réalisée (Montès, 1999).

Cette espèce robuste est capable de supporter des conditions climatiques extrêmes: dans les hautes vallées de l'Atlas, les hivers sont froids et les étés très chauds et secs. Sa robustesse s'exprime aussi à travers sa résistance aux mutilations. Mais son exploitation intensive, dont dépend la survie des montagnards, met son avenir en grand danger ainsi que celui des villages auxquel il est intimement lié.

 



Thuriféraie de la vallée de l'Azzaden (Haut Atlas, Maroc)
(Photo V. Bertaudière)

Comme ont pu le constater de nombreux auteurs, la dégradation de ces milieux présente également de graves conséquences écologiques: érosion des sols, désertification, participation à l'ensablement du nord Sahara, baisse de la biodiversité et disparition d'un élément botanique remarquable (Benabid, 1987; Gauquelin, 1988; Fromard & Gauquelin, 1993).

Au Maroc, le Thurifère est considéré comme l'espèce forestière ayant le plus régressé, avec un recul de 90% par rapport à son aire potentielle de répartition.